Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/455

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
CH. V, DESCRIPTION

chrétiens qobtes. Un grand nombre est occupé à la fabrication de plusieurs espèces de poteries, et principalement des ballâs[1], que l’on fait avec une terre argileuse tirée de la montagne voisine : pour certains vases, on se sert d’une argile plus fine, mêlée de limon et de cendre, et qui prend au feu une belle couleur rouge. Une industrie héréditaire a conservé chez ces pauvres gens les pratiques anciennes du pays et la tradition des belles formes de l’antiquité : en effet, le tour des potiers d’Edfoû, et le galbe des vases que j’y ai vu fabriquer, représentent fort bien ce qu’on a découvert d’analogue dans les peintures égyptiennes.

On rencontre à Edfoû beaucoup d’Arabes de la tribu des A’bâbdeh, l’une des plus remarquables de toutes celles qui fréquentent l’Égypte, soit par les mœurs de ces Arabes, soit par leur physionomie, soit enfin par l’usage des cheveux longs, presque inconnu dans l’Orient. J’en ai vu arriver à ce village de grandes troupes, voyageant sur le Nil, à cheval sur des faisceaux de joncs et de roseaux ou sur des troncs de dattier, et portant leurs habits et leurs armes sur la tête[2] : ce qui prouve (pour le dire en passant) que le danger des crocodiles n’est pas tel qu’on le pense communément ; car les crocodiles abondent à Edfoû.

Ce petit bourg n’étant remarquable que par son commerce de poteries et par l’avantage d’être le premier lieu, après les cataractes, où l’on trouve abondamment des

  1. Sorte de jarre en usage par toute l’Égypte.
  2. Les A’bâbdeh affluent dans la Thébaïde, particulièrement près de Syène (Voyez, dans le mémoire de M. du Bois-Aymé, de plus grands détails sur les A’bâbdeh).