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que ces fenêtres, ces jours, ces portes, si utiles, si indispensables au dessein primitif du monument, n’aient été imaginés qu’après coup, et exécutés à une époque plus récente, au risque d’endommager une décoration si dispendieuse. D’un autre côté, l’on y reconnaît le même ciseau qu’ailleurs : les arêtes y sont aussi fines, aussi pures ; les faces des pierres coupées portent la même teinte de vétusté ; enfin, les bords des figures et des ornements sont tranchés net : on ne saurait douter que ces ouvertures ne soient du même temps et de la même main que tout le reste.

Mais comment expliquer l’état de ces figures de dieux fragmentées, état si contraire aux idées que l’on a de l’esprit religieux des Égyptiens ? Il n’y a, je crois, qu’une manière de le concevoir : c’est d’imaginer des portes en bois ou en métal que l’on ouvrait et fermait à volonté. Ces portes étaient sans doute décorées et sculptées de manière à faire suite aux parties voisines de la muraille, et il est inutile d’ajouter qu’elles devraient être parfaitement raccordées pour la vue ; car on connaît l’adresse qu’ont déployée partout les ouvriers égyptiens. Personne ne demandera ce que ces portes sont devenues dans un pays qui manque de bois et de métaux ; je pencherais à croire qu’elles étaient plutôt de cette dernière matière : on sait avec quelle avidité les fellâh et les Arabes ont soustrait les moindres parcelles de métal dans les anciens monumens, témoin les pénibles démolitions qu’ils ont faites pour enlever les tenons qui liaient les pierres.

Je me suis arrêté sur la description de ces fenêtres,