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CH. V, DESCRIPTION

parce qu’en général on sait peu de chose sur la manière dont les anciens éclairaient leurs temples ; mais ces jours masqués, s’ouvrant ou se fermant au besoin, ne sont pas sans exemple dans l’antiquité. Il paraît que, dans les temples grecs, la frise était quelque fois percée d’ouvertures qui pouvaient remplir cet office. Dans le premier acte d’Iphigénie en Tauride, on trouve ces paroles que Pylade adresse à Oreste, en lui montrant le temple de Diane, dont ils viennent enlever la statue : « Regarde ces triglyphes ; il faut nous glisser à travers le vide qui s’y trouve. »

Ὅρα δέ γ’ εἴσω τριγλύφων, ὅποι κενὸν

Δέμας καθεῖναι.

Eurip. Iphig. in Taur. act. 1, sc. 2[1].

Si l’on passe à l’examen des deux portiques, on voit que l’épais massif qui les sépare contenait un vide ou couloir destiné à alléger la construction ; des pierres transversales formant bandeaux servaient à unir les deux côtés de la muraille. Ces couloirs sont communs dans les monumens d’Égypte ; et quoique je n’aie pu en découvrir dans les murs latéraux du grand portique, je ne doute pas qu’il n’y en existe également. C’est par une

Si l’on passe à l’examen des deux portiques

  1. Il n’est guère probable que le poëte entendit par-là des trous formés par les canaux des triglyphes, espace trop étroit pour pouvoir y passer ; peut-être est-il question des intervalles eux-mêmes des triglyphes, c’est-à-dire des métopes. Remarquons que le mot de métope, qui vient de μετὰ et d’ὀπὴ, peut signifier aussi bien un trou intermédiaire, que l’intervalle entre deux ouvertures, comme on l’a interprété : ce sens est plus conforme à l’origine de la frise dorique, origine qui suppose que les triglyphes ne sont que les extrémités des solives appuyées sur la poutre principale ou architrave.