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ET DE SES ENVIRONS.

subalternes : les places furent ainsi occupées quatre fois par de nouveaux convives, avant que la table pût être entièrement dégarnie de toutes les viandes dont elle était couverte. Une très-belle citerne, qu’Haçan-bey avait fait bâtir près de son jardin, fournit en abondance les seuls rafraîchissements qui pussent nous être offerts.

Les habitans d’Esné sont naturellement doux. Nous avons habité cette ville pendant près de deux mois consécutifs ; nous y sommes revenus à différentes époques, et c’est la ville d’Égypte dont nous conservons le souvenir le plus agréable[1]

  1. Partis du Kaire le 29 ventôse de l’an 7 (19 mars 1799) avec MM. Girard, ingénieur en chef des ponts et chaussées ; du Bois-Aymé et Duchanoy, ingénieurs ordinaires ; Descotils, Rozière et Depuis, ingénieurs des mines, et Castex, sculpteur, nous formions une commission chargée par le général en chef de prendre sur la haute Égypte tous les renseignemens que l’on pouvait désirer, tant sur le commerce, l’agriculture et les arts, que sur l’histoire naturelle et les antiquités de cette contrée. Une des parties les plus importantes de la mission des ingénieurs des ponts et chaussées, était d’examiner le régime du Nil depuis la première cataracte, et d’étudier le système d’irrigation de la haute Égypte (voyez le Mémoire de M. Girard, ingénieur en chef, sur le commerce et l’agriculture de la haute Égypte).

    Notre marche fut souvent ralentie par les opérations de l’armée, qui n’avait point encore achevé la conquête de la haute Égypte. Néanmoins, à force de persévérance, et en nous mettant sous la protection des détachemens envoyés à la poursuite des Mamlouks, nous parvînmes jusqu’à l’île de Philæ, et nous parcourûmes plusieurs fois les deux rives du fleuve.

    Nos compagnons de voyage nous quittèrent successivement, soit pour remplir des missions particulières, soit pour porter au Kaire le fruit de leurs travaux et de leurs recherches. Quant à nous, ayant trouvé dans l’étude des monumens de la haute Égypte une source inépuisable d’observations intéressantes, nous avions fixé notre séjour dans cette contrée. Nous profitions de toutes les occasions qui se présentaient de faire de nouveaux voyages ; souvent même nous nous établissions sur les ruines des villes anciennes. C’est ainsi que, dans un premier voyage, nous sommes restés à Thèbes vingt-cinq jours de suite.

    Nous étions à Esné lorsque nous fûmes rencontrés par nos collègues réunis en deux commissions chargées par le général en chef de visiter