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ORIGINE DE LA FAMILLE.

été médiocrement commandée par les circonstances.

On a fait naître le père de Voltaire dans une ferme où lui était dévolu le soin de la bergerie ; puis, arrivé à Paris, stationner à la porte d’un notaire à titre de commissionnaire des clercs et des clients de l’étude[1]. D’autres en firent un porte-clefs du parlement, ce qui n’était pas moins absurde[2]. Mais il fallait chagriner cet orgueil si facile d’ailleurs à érailler, et tous les moyens semblaient bons. Le vrai, c’est que la famille Arouet était une ancienne et honorable famille du Poitou. L’on a dit qu’un de ses membres fut massacré à la Saint-Barthélemy[3]. L’on a dit encore que l’auteur de la Henriade n’était que le second poëte de sa maison ; et l’on cite un fragment du journal d’Étienne Rousseau, enquêteur au bailliage de Loudun[4], qui ne vante pas moins la modestie que le génie de René Arouet. Un compatriote, Antoine Dumoustier, également poëte, eût fait, en 1499, sur la mort de ce dernier, des vers conservés par l’un de ses descendants, M. Dumoustier de la Fonds, et dans lesquels René est célébré à la fois comme un Caton et un Virgile. Ce M. de la Fonds, officier d’artillerie et auteur d’une Histoire de Loudun, s’était empressé de faire part de sa découverte au patriarche de Ferney, qui répondit par une lettre polie

  1. Duvernet, la Vie de Voltaire (Genève, 1786), p. 8.
  2. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. LVI, p. 70. À un membre de l’Académie de Berlin ; Postdam, le 15 avril 1752, t. XLIII, p. 370, la Défense de mon oncle.
  3. L’Artiste, 15 avril 1861, p. 190. Extrait d’une lettre de M. Clogenson, conseiller honoraire à la cour de Rouen ; Rouen, le 27 juin 1858.
  4. Marquis de Luchet, Histoire littéraire de M. de Voltaire (Cassel, 1781], t. I, p. 2.