Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) III - Cleonice. Dernières Amours.djvu/26

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  CLEONICE,  


Ce que d’un mal nouveau"les aceez violans
Vous cachent une fois. ses rigueurs inhumaines,
Ses courroux, 8e3 ftertez de froideur toutes plain~.
Mille fois sans raison vous le furent celans.

Et puis. quand vous seriez cent mille ans auprE’fi ! d’foUp,
Devez-youS esperer qu’elle en soit moins cruell~,
Et qu’ayez à la fin favorables les cieux !

Non, non, ne pleurez point deux ou trois jours d’absanoe ;
Pleurez le premier jour que vous veistes ses yeux,
Qui de tous vos malheurs fut la seule naissance.


XLI.


Je pars, noo point de vous, mais de moy seulement,
Car je laisse mon ame afin qu’elle \"ous suive ;
Et ne vous estonnez que sans ame je vive,
Amour me fait mouvoir par son feu vehement.

Je ne vous laisse point â ce departement,
nien que vous presumiez n’estre jamais captive ;
Car je vous porte au cœur si belle et si naifVe,
Que n’avez rien en vous qui n’y soit vivement.

Mais pourtant ma douleur n’est par là divertip,
Car j’emporte de vous celle seule partie,
Qui rafraiehit ma perte et l’en fait souvenir.

Puis je crains d’autre part, sachant votre rudesse,
Que vous receviez mal l’ame que je vous laisse,
Et que vous ne vueillez avec vous la tenir t.


Dialogue.


Que sera-ce de vous, privez de la lumiere,
Pauvres yeux, dont le eiel vous contraint separer !
— Nous ferons de nos pleurs une large riviere,