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IROQUOISIE

prodigue les marques d’affection. Toutefois Jacques Cartier a pris la décision de conduire en France deux des fils du chef. Il les oblige à quitter leurs haillons, à endosser des chemises, des habits, à se coiffer d’un bonnet rouge, à se passer même au col une chaîne de cuivre. Leurs compagnons doivent bientôt retourner à leur canot avec, pour consolation, une hachette et deux couteaux. Une trentaine d’hommes viendront tourner autour des bateaux ; mais c’est pour apporter du poisson et dire adieu à leurs compatriotes.

Soudain, les voiles se déploient le long des mâts ; les navires sortent du bassin. Stupéfaits, les Iroquois les regardent partir avec deux des leurs.


(1535)


Une année à peine s’est écoulée. Trois petits navires remontent maintenant le fleuve. Le même capitaine, Jacques Cartier, les conduit. Les deux Iroquois capturés à Gaspé sont à bord. L’un se nomme Don Agaya et l’autre, Taignoagny. Ils ont appris un peu de français.

Le Saint-Laurent est toujours l’immense cours d’eau de l’âge de pierre. Sur les rives, des forêts intouchées. La population qui s’y faufile est peu dense. Elle est mal armée pour la chasse ou la pêche : aussi le poisson abonde dans les eaux, le gibier à plumes dans l’air, le gibier à poil dans les bois. Morses, phoques, baleines, marsouins, s’ébattent à la vue. Toute la région est un habitat précieux pour ces peuplades primitives qui ne peuvent subsister qu’au milieu de l’abondance. Les deux Indiens la connaissent bien. Ils fournissent des renseignements à mesure que les bateaux avancent. Ce fleuve se nomme Hochelaga. Le royaume que l’on frôle au nord est celui du Saguenay ; les Iroquois y viennent souvent, quatre de leurs canots débouchent maintenant de la rivière. Le royaume voisin est celui de Canada dont la frontière orientale touche la Grosse Île, dont la frontière occidentale passe à un endroit mal déterminé