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mées sensations ou sentimens, en prenant ces mots dans un sens très-étendu, pour exprimer une chose sentie quelconque. Ainsi, penser c’est toujours sentir quelque chose, c’est sentir.

Penser ou sentir, c’est pour nous la même chose qu’exister ; car si nous ne sentions rien, nous ne sentirions pas notre existence ; elle serait nulle pour nous, bien qu’elle pût être sentie par d’autres.

De ces idées ou perceptions, les unes sont des sensations proprement dites, les autres des souvenirs, d’autres des rapports que nous apercevons, d’autres enfin des desirs que nous éprouvons.

La faculté de penser ou d’avoir des perceptions renferme donc les quatre facultés élémentaires appelées la sensibilité proprement dite, la mémoire, le jugement et la volonté.

Et si de l’examen de ces quatre facultés il résulte qu’elles suffisent à former toutes nos idées, il sera constant qu’il n’y a rien autre chose dans la faculté de penser.

CHAPITRE II.
De la Sensibilité et des Sensations.

La sensibilité proprement dite est cette propriété de notre être en vertu de laquelle nous recevons des impressions de beaucoup d’espèces, appelées sensations, et en avons la conscience ; nous la connaissons par expérience en nous-mêmes, et nous la reconnaissons dans nos semblables et dans les autres êtres par analogie, à proportion qu’ils nous la manifestent.