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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/440

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CHAPITRE IX.
Des Propriétés des Corps et de leur Relation.

Il demeure donc convenu que tant que nous ne faisons que sentir, nous ressouvenir, juger et vouloir sans qu’aucune action s’ensuive, nous n’avons connaissance que de notre existence, et nous ne nous connaissons que comme un être sentant, comme une simple vertu sentante, sans étendue, sans forme, sans parties, sans aucune des qualités qui constituent les corps.

Il demeure encore constant que, dès que notre volonté est réduite en acte, dès qu’elle nous fait mouvoir, la force d’inertie de la matière de nos membres, la propriété qu’elle a de résister au mouvement avant d’y céder, nous en avertit, nous donne une sensation qui peut-être ne nous apprend encore rien de nouveau ; mais lorsque ce mouvement que nous sentons, que nous voudrions continuer est arrêté, nous découvrons avec certitude qu’il existe autre chose que notre vertu sentante. Ce quelque chose c’est notre corps, ce sont les corps environnans, c’est l’univers et tout ce qui le compose.

La propriété de résister à notre volonté de nous mouvoir, est donc la base de tout ce que nous apprenons à connaître. Un être qui ne serait pas résistant du tout, ne pourrait nous donner aucune sensation. Il serait le néant absolu pour nous.

Cette propriété est la force d’inertie des corps, qui n’a lieu et ne se découvre que par leur mobilité.

La mobilité et l’inertie sont donc à notre égard les deux premières qualités des corps, celles sans les-