Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/449

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un temps, donnent naissance à un ordre de faits particuliers, et bientôt, par des circonstances inconnues, rentrent sous l’empire de lois plus générales, qui sont celles de la matière inorganisée. Tant qu’elle subsiste, nous vivons, c’est-à-dire que nous nous mouvons et que nous sentons.

Il s’opère beaucoup de mouvemens en nous sans que nous en ayons la conscience, sans qu’ils nous causent la moindre perception ; mais nous ne pouvons avoir aucune perception sans qu’il s’exécute quelques mouvemens dans nos organes. Ainsi, l’action de sentir est un effet particulier de l’action de nous mouvoir.

Nous en devons conclure que, quoique nous ne puissions pas déterminer la différence de chacun de nos mouvemens nerveux, quoique nous ne puissions en voir aucun, cependant toutes les fois que le même nerf nous procure une sensation différente, il faut qu’il ait éprouvé un ébranlement différent, et qu’il se passe en lui et dans l’organe cérébral un mouvement particulier ; et aussi que chacun de nos nerfs a une manière d’être mu et d’agir sur le cerveau qui lui est propre, puisque toutes les impressions produites diffèrent entr’elles plus ou moins. On voit quelle quantité prodigieuse de mouvemens divers s’opèrent en nous, sans compter même tous ceux, très-nombreux aussi, qui ne sont la source d’aucune perception.

CHAPITRE XIII.
De l’influence de notre Faculté de vouloir sur celle de nous mouvoir et sur chacune de celles qui composent la Faculté de penser.

Tous ces mouvemens sont soumis à notre volonté à des degrés différens, c’est-à-dire sont plus ou moins