Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/173

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et les progrès de notre intelligence seraient bien faibles, ou même absolument nuls. Heureusement, un tel ordre de choses n’est, ni ne peut être. Nous nommons bien un certain nombre de nos idées ; c’est-à-dire, que nous les représentons par un signe, qui leur demeure irrévocablement attaché, et qui rend perpétuel et permanent dans notre souvenir, le résultat des opérations intellectuelles qui les ont formées. Mais, la plupart des combinaisons que nous faisons continuellement de ces idées, et qui sont elles-mêmes de nouvelles idées, ne sont représentées que par la réunion de plusieurs signes, réunion passagère et momentanée, qui ne dure pas plus que le besoin qui la fait naître ; et bientôt ces signes se séparent et reparaissent dans une multitude d’arrangemens différens, pour exprimer de nouveaux produits de notre intelligence, à-peu-près comme les caractères d’imprimerie, qui représentent chacun un son, ou une partie d’un son, dans la composition d’un mot, retournent ensuite à la caze, et en sont tirés de nouveau, pour former tous les autres mots que l’on veut successivement rendre sensibles à la vue. Il y a seulement cette différence