Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/279

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re d’idées ; ainsi ils n’ont pas pu remplir pleinement l’objet dont il s’agit.

Cherchons donc de quels expédiens les hommes ont pu s’aviser, pour rendre durable la série complette des signes de leurs idées dans tous ses détails ; et quoique bien sûrement, par toutes les raisons que nous avons dites plusieurs fois, les langues usuelles des hommes aient toujours été des langues vocales, examinons successivement les trois hypothèses où elles seraient dérivées d’une des trois branches différentes du langage naturel, les attouchemens, les gestes, et les cris : et voyons dans chacun de ces cas, ce qu’on aurait pu faire pour rendre permanens ces signes fugitifs. Cela nous fera mieux sentir l’esprit de cette opération, en quoi précisément elle consiste, et jusqu’à quel point chaque espèce des signes naturels s’y prête ou s’y refuse.

Supposons d’abord que la langue usuelle tirée du langage d’action, soit une suite de gestes convenus, ayant pour principes et pour racines les gestes naturels et involontaires, et en dérivant plus ou moins immédiatement. Il est évident que dans cette hypothèse, on ne pourrait faire autre chose,