Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/280

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que d’imaginer une suite correspondante de figures tracées, n’importe sur quelle matière ni par quels moyens ; d’établir entr’elles les mêmes dérivations, les mêmes analogies, et des formes de composition et de décomposition analogues à celles des gestes ; et d’attacher à chacune de ces figures, une idée déjà liée à un des gestes de la langue usuelle, en y reconnaissant les mêmes élémens du discours, et les mêmes lois de coordination ou de syntaxe.

Mais cette série de figures elle-même, comment devons-nous la considérer ? Il est clair que c’est une seconde langue visuelle, puisque c’est un second systême de signes s’adressant comme les gestes au sens de la vue, seulement d’une manière plus durable. Mais c’est une seconde langue à la création de laquelle on n’est pas conduit immédiatement, comme à celle de la première, par des décompositions successives des premiers signes naturels. Les signes qui la composent n’ont de valeur que celle qu’on y attache, au moyen des gestes auxquels on convient qu’ils correspondent. Leur signification ne se manifeste jamais que par le secours de ces gestes ; et elle n’est connue que par ceux que l’on