Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

idées : et le petit nombre des hommes qui se livrent à l’étude, et en même tems aux affaires publiques, puisqu’eux seuls sont capables de les faire, passe tout son tems à étudier l’art de s’exprimer sans y réussir complètement, et sans qu’il lui reste de loisir pour apprendre à penser. Maintenant, voyons les effets que tout cela produit.

1) quand on a surmonté toutes ces difficultés, on ne peut encore représenter en signes durables, que les langues que l’on comprend. La cause en est manifeste : on ne peut traduire sans entendre.

2) on ne peut même représenter que celle sur laquelle la langue écrite, la langue secondaire a été formée et calquée, ou tout au plus celles qui ont avec la première, les plus grandes analogies d’étimologie et de syntaxe. Pour peu qu’elles en diffèrent, on ne peut les rendre dans la langue écrite, que par des à-peu-près, et des équivalens qui les défigurent nécessairement. Voyez un peu ce que ce serait que du français écrit avec la construction, la syntaxe, la formation des verbes, les étimologies, les tropes, et les autres idiotismes de la langue anglaise ou allemande, et même de la langue italienne.