Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/296

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ont le tems de se livrer à de longues études, doivent le consumer tout entier à apprendre l’art de s’exprimer, et en avoir très-peu de reste pour acquérir de vraies connaissances.

3) qu’ils doivent y faire très-peu de progrès, étant à-peu-près réduits chacun à leurs propres forces, parce que les moyens de communiquer entr’eux sont difficiles, et qu’ils ne sont jamais sûrs de se comprendre complètement par écrit.

4) qu’en supposant qu’un d’eux fasse réellement une découverte précieuse, ou une observation importante, elle doit facilement s’oublier, ou du moins s’obscurcir, parce que les livres deviennent promptement inintelligibles.

5) qu’il en doit être de même des connaissances qu’ils pourraient recevoir des étrangers, sur-tout si elles sont d’un ordre un peu relevé ; et qu’au bout d’assez peu de temps on ne doit plus les retrouver chez eux, que dans l’état de fragmens et de débris, ou comme des formules dont on a conservé l’usage, mais sans en connaître ni l’esprit ni les motifs, encore moins les moyens de les retrouver si on les perdait.

6) qu’une telle nation doit avoir bien peu