Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/78

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même. Dans tous deux on voit l’idée amour

unie à l’idée d’existence, c’est-à-dire considérée comme existante, et de plus exprimée sous une forme adjective, qui la désigne comme ne pouvant exister que dans un sujet. Mais dans l’une il n’y a aucun accessoire, et dans l’autre il y en a de très-marqués qui constituent le jugement.

Quand vous dites, Pierre aimant ou étant aimant, vous ne faites que mettre à côté l’une de l’autre une idée existante par elle-même, et une idée qui ne peut exister que dans une autre : vous n’y ajoutez rien. Tout ce qu’on peut conclure, c’est que vous prétendez les unir pour ne former ensemble qu’une seule et même idée composée. Mais quand vous dites Pierre aime, ou est aimant, vous faites bien plus ; vous prononcez que cette idée qui ne peut exister que dans une autre, existe d’une manière positive et actuelle. Par là vous manifestez que vous la voyez ainsi dans son sujet ; vous exprimez un jugement formel.

Nous bornerons là ces observations. Elles ont pu paraître longues et un peu pénibles ; mais si on y réfléchit avec quelque attention, je me persuade qu’on les jugera riches en faits,