Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/250

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femme. Le troisième jour, devant la fille de la femme, il y eut du vin pour boire et du lait pour se laver, et de l’eau devant celle du mari ; et dès lors il en fut toujours de même.

La femme conçut pour sa belle-fille une violente haine, et elle chercha par tous les moyens à la rendre malheureuse. Elle était jalouse de la voir si belle et si gracieuse, tandis que sa propre fille était si laide et si désagréable.

Un jour d’hiver que le froid avait durci la terre et que la neige cachait monts et vallées, la femme fabriqua une robe de papier et fit venir la jeune fille.

— Mets cette robe, lui dit-elle, et va au bois me quérir une corbeille de fraises : j’ai envie d’en manger.

— Dieu puissant ! répondit la jeune fille. Il n’y a point de fraises l’hiver, la terre est gelée et tout est couvert de neige. Comment pourrai-je sortir avec cette robe de papier ? Il fait si grand froid que la bise va la traverser et que les épines me l’arracheront du corps !

— Est-ce que tu ne veux pas m’obéir ? répliqua la mégère. Va-t’en tout de suite et ne reviens qu’avec ton panier plein de fraises.

Elle lui donna alors une miche de pain sec et ajouta :

— Tu pourras la manger tantôt.

Et cependant elle se disait : Elle mourra dehors