Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/249

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Chacun d’eux avait une fille ; les demoiselles se connaissaient, elles se promenaient ensemble et allaient chez la veuve. Celle-ci dit un jour à la fille de l’homme :

— Écoute, dis à ton père que j’ai envie de l’épouser et qu’alors, tous les matins, tu te laveras avec du lait et boiras du vin, au lieu que ma fille se lavera avec de l’eau et boira de l’eau.

La fille s’en fut chez elle et rapporta à son père ce que lui avait dit la femme.

— Que faire ? s’écria l’homme ; le mariage est un plaisir et aussi une peine !

Ne sachant que résoudre, il se débotta et dit à sa fille :

— Tu vois cette botte, elle a un trou à la semelle. Monte au grenier, pends-la au crochet et remplis-la d’eau. Si elle garde l’eau, je me marierai ; si l’eau s’en va, je reste veuf.

La fille obéit à son père, mais l’eau resserra la botte et elle resta pleine jusqu’au bord. À cette nouvelle, le père s’assura par lui-même de la vérité ; puis, il s’en fut chez la veuve, il l’épousa et on célébra la noce.

Le lendemain, au réveil, devant la fille du mari, il y avait du lait pour se laver et du vin pour boire ; devant celle de la femme, de l’eau pour boire et se laver. Le surlendemain, il y eut de l’eau devant la fille du mari aussi bien que devant celle de la