Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Huit ans après, Mme Leprince de Beaumont refait Riquet à la Houppe dans le Prince spirituel. Son conte, encore moins pittoresque, plus compliqué, plus long, n’est pas moins alambiqué ni plus intéressant. La princesse refuse de donner la beauté au prince qui lui a donné l’esprit.

« Spirituel me plaît tel qu’il est, dit-elle, je ne m’embarrasse guère qu’il soit beau ; il est aimable, cela me suffit. » Cette conclusion philosophique est la meilleure critique de ce conte artificiel.

Enfin, sept ans plus tard, chose curieuse ! le moins naïf de tous les écrivains, Voltaire nous donne dans Ce qui plaît aux dames une sorte de pendant de Riquet à la Houppe, La vieille édentée,

Au teint de suie, à la taille écourtée,
Pliée en deux, s’appuyant d’un bâton,

qui sauve de la mort un jeune chevalier en lui suggérant une réponse très-spirituelle, qui pour la peine exige que le beau chevalier l’épouse, qui, dans les bras de son vaillant époux, se transforme en

Une beauté dont le pinceau d’Apelle
N’aurait jamais imité les appas,


et qui se trouve enfin être la fée Urgèle, n’est pas autre chose qu’une cousine de Riquet à la Houppe, opérant sur elle-même.