Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/329

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Dans cette ingénieuse historiette, déjà traitée par Chaucer[1], il y a encore beaucoup plus d’esprit que de merveilleux ; mais Voltaire, qui est trop malin pour partager l’avis de son siècle sur les contes de fées, termine le sien par ces jolis vers, si souvent cités et qu’on aime à rencontrer sous la plume de l’impitoyable railleur :

O l’heureux temps que celui de ces fables,
Des bons démons, dos esprits familiers,
Des farfadets, aux mortels secourables.
On écoutait tous ces faits admirables.
Dans son château, près d’un large foyer.
Le père et l’onde, et la mère et la fille,
Et les voisins et toute la famille,
Ouvraient l’oreille à monsieur l’aumônier
Qui leur faisait des contes de sorcier.
On a banni les démons et les fées ;
Sous la raison les grâces étouffées
Livrent nos cœurs à l’insipidité ;
Le raisonner tristement s’accrédite ;
On court, hélas ! après la vérité :
Ah ! croyez-moi, l’erreur a son mérite.
  1. Conte de la commère de Bath dans les Contes de Cantorbéry