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D’abord, il constata que la mer montante avait bouché l’ouverture des grottes et qu’il n’y avait rien à faire de ce côté-là.

Il lui fallait attendre la mi-marée baissante pour sortir des entrailles du rocher par la même voie qui l’avait introduit.

Mais c’était bien long, une attente de quelques heures, à ne rien faire, après un bon somme !

Le petit sauvage tournait donc, fanal en mains, ses yeux attentifs sur les voûtes et les piliers du massif.

Il avançait ici, reculait là, tournant à droite, tournant à gauche, virevoltant, sans but précis, lorsqu’il mit le nez dans une faille ascendante qui le mena tout droit dans un coin du magasin des contrebandiers.

La fissure partait de là, béant de plus d’un pied, mais obliquement et de façon presque imperceptible.

Il y avait, dans cette « salle », tout un pandémonium de tonnes, de futailles, de bouteilles, entassées dans un certain ordre, mais ayant tout de même un aspect plutôt chaotique…

Une idée surgit aussitôt de l’imagination de Wapwi :

Soûler la Grande-Ourse et enlever Suzanne !

Il avait bien songé, plusieurs fois, à paralyser sa belle-mère d’un bon coup de fusil…

Mais la crainte de causer une trop forte émotion à Suzanne l’avait arrêté.

Il avait cherché autre chose…

Et voilà que le hasard lui faisait trouver un moyen moins aléatoire pour réduire le cerbère de la grotte !

Wapwi choisit donc une bonne bouteille d’eau-de-vie, qu’il prit la peine de déboucher pour en constater la force, et retourna vers son canot.

Ayant eu le soin de se munir d’une pelote de fil, il attacha sa bouteille par le goulot et se mit en frais de sortir de la caverne par l’arcade qui l’y avait introduit.

Mais, au moment de diriger son canot sous la voûte qui commençait à s’ajourer, le petit Abénaki sentit gigoter dans sa cervelle des lambeaux d’idées, qui se condensèrent pour prendre consistance de suite…

Il avait remarqué tout à l’heure un certain tonnelet, soigneusement mis à part dans un angle surélevé de la caverne aux liqueurs.

Heurté du joint, ce tonnelet n’avait « sonné » ni creux ni plein.