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Que contenait-il et pourquoi la précaution prise de le placer à peu près hors d’atteinte ?

— « Ça doit être de la poudre ! » pensait, depuis lors et de fois à autres, le garçonnet, tout en continuant ses apprêts de départ.

Et la tête lui travaillait, quand ce mot tragique : « poudre », y faisait irruption.

Si bien qu’au moment de s’engager sous l’arcade avec sa pirogue, Wapwi s’arrêta net et… recula, au lieu d’avancer.

D’un bras nerveux, il fit… aviron en arrière, remit le canot où il était un instant auparavant et retourna dans le « magasin », d’où il venait de sortir.

Le petit tonneau ayant été atteint, soupesé et secoué, Wapwi murmura souriant d’une façon mystérieuse :

— C’est bien de la poudre… De quoi faire sauter ma belle-mère jusqu’aux nuages !

Et, sans une seconde d’hésitation, Wapwi se mit aussitôt en mesure de préparer une petite combinaison tout à fait… micmaque, sinon abénaquise.

Il commença par enlever le tonnelet, qu’il logea entre deux tonnes.

Cela fait, il se prit à fureter partout et revint bientôt, portant un rouleau de câble dans le pli du coude et une cordelette dans la main qui était libre.

La cordelette fut arrosée d’huile de charbon, saupoudrée de quelques pincées du contenu du petit baril… et mise à portée de la main en haut de la faille, tandis qu’un de ses bouts plongeait dans le tonnelet, par la bonde.

Et, pour être plus sûr de mener à bonne fin son œuvre de destruction, Wapwi perça avec la pointe de son couteau une des tonnes, de façon à ce que le tonneau put se répandre lentement sur les madriers qui la supportaient.

Alors, content de son œuvre, le petit justicier revint à son canot, muni de sa corde en rouleau et de sa bouteille suspendue à un fil.

Cette fois-ci, il s’agissait de sortir du rocher, coûte que coûte.