Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/104

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Ce ne fut pas sans peine.

Mais, enfin, le petit aventurier réussit en pesant sur la voûte, étant couché sur le dos au fond de sa pirogue, avec ses pieds et ses mains, à sortir de là.

Une fois dehors, il gagna une anse, du côté du large, attacha solidement son canot et grimpa sur les hauteurs par le premier sentier venu.

Il avait sa bouteille pendue au cou et son fusil sur l’épaule.

Arrivé au point culminant du cap, où un mince tuyau de tôle émergeait du sommet de la grotte servant de prison, Wapwi introduisit délicatement dans le tuyau sa bouteille, qu’il laissa filer jusqu’au poêle, en la retenant par sa ficelle.

Alors il n’eut plus qu’à soulever un peu le tuyau, pour diriger la bouteille à côté de l’ouverture dégagée.

Après quoi, laissant tomber le fil, il replaça le tuyau à l’endroit ordinaire.

Tout cela avait été exécuté si habilement, que les deux femmes ne parurent avoir rien entendu.

Du reste, l’obscurité était encore à peu près complète dans la grotte.

Wapwi, couché sur le ventre, son fusil à portée, ne perdait pas de vue sa « petite mère », qui commençait à s’agiter…

À un moment donné, il entendit même un sanglot étouffé, auquel répondit aussitôt une voix rauque qui commandait :

— La paix, là !… La Grande-Ourse veut dormir.

Mais un nouveau sanglot ayant troublé le silence, la sauvagesse surgit de son tas de feuillage et s’approcha, menaçante…

Wapwi, toujours silencieux, allongea la main vers son fusil.

Pourtant, la Grande-Ourse ne soufflait mot. Elle venait d’apercevoir la bouteille descendue là mystérieusement… Elle s’en était emparée et la mirait à la lumière matinale de l’unique fenêtre de la grotte…

Reculant à petits pas jusqu’à l’angle de la « porte » d’entrée, la vieille gardienne, ayant débouché la mystérieuse bouteille, la humait à larges narines, souriant de la bouche et des yeux.

Finalement, satisfaite de ses investigations, quoique assez interloquée, l’Ourse n’y tint plus