Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/30

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Toutefois, comme nous ne sommes pas investi du mandat d’éclairer la justice à cet égard, passons…

Ou plutôt abordons.

Il est deux heures et quinze minutes du matin.

La mer est tout à fait basse, et même le courant du montant arrive déjà du détroit de Belle-Isle.

Dans quelques minutes il coulera comme dans une dalle.

— Largue l’ancre ! commande Thomas.

Les deux Jean se précipitent…

Le clignet du « guindeau » est levé…

Et le lourd appareil de fer tombe à l’eau, entraînant sa chaîne avec un bruit capable de réveiller un cataleptique.

La goélette, dont les voiles ont été préalablement abattues, recule sous l’effort grandissant du flux jusqu’à l’extrémité de sa chaîne, qu’elle raidit fortement…

Puis, après un léger retour en avant et quelques oscillations, elle s’immobilise… dans ce doux balancement sur place que connaissent si bien tous les gens de mer.

Sans même prendre le temps de carguer les voiles abattues et gisant en larges plis sur le pont, Thomas commande :

— Ohé ! là ! mes deux Jean, arrivez un peu !… La chaloupe à la mer, et ne lanternez pas !

Les matelots, ainsi apostrophés, prennent chacun un des câbles qui retiennent l’embarcation collée au couronnement de poupe et les laissent doucement filer.

La chaloupe touche l’eau et prend son équilibre.

On retire les câbles, et une paire de rames ayant été mises à leur disposition, les deux capitaines se laissent glisser à bord et s’éloignent aussitôt dans la direction du village.

Une fois la rive atteinte, — ce qui ne prit que quelques minutes, — les deux hommes tirèrent