Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/31

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le grappin aussi haut, sur la grève sablonneuse, que le permit la longueur de la chaîne, et s’éloignèrent rapidement dans la direction d’un bois de sapins, couronnant une hauteur, à une couple d’arpents en aval.

Au détour de ce cap, à chevelure de conifères, s’arrondissait en demi-cercle une prairie naturelle où se voyaient une dizaine de cabanes faites de perches liées à leur sommet et recouvertes d’écorces.

On eut dit, en voyant de nuit cette agglomération de cônes sombres, une de ces fourmilières géantes dont parlent les voyageurs de l’Afrique Centrale.

Nos deux nocturnes visiteurs allaient poursuivre leur route, quand ils en furent empêchés par le plus épouvantable concert d’aboiements qu’oreilles humaines eussent jamais entendu.

En même temps, cinq ou six chiens de forte taille bondirent dans leur direction.

— Diable ! murmura Gaspard, tirant de sa gaine son poignard de marin.

— Les braves bêtes ! dit tranquillement Thomas, tout en s’arrêtant pour porter ses doigts à sa bouche, d’où sortit aussitôt un sifflement strident qui domina le bruit des chiens et les fit taire.