Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE V

LES NAUFRAGEURS


Quand le jour parut, le « Marsouin » était bien près de franchir la limite orientale de la province de Québec.

Par son travers de bâbord défilait le chaos pierreux du littoral nord, bastionné par le Cap Blanc-Sablon, qui sépare Québec du Labrador.

Thomas Noël, voyant avec quelle difficulté le « Marsouin » gagnait sur le courant puissant du détroit, se décida à jeter l’ancre sous le vent du Sablon, dans la baie de Forteau.

Dépassant le phare très primitif qui existait alors, il serra de près les crans abrupts du littoral en forme de croissant, longea la courbe hérissée de caps et de mamelons, puis finit par « fourrer » sa goélette, — pour parler son langage, — dans une anse étroite du bras oriental de la baie, dominée à l’ouest par un morne très élevé, qui le dérobait entièrement aux regards.

Le premier soin du capitaine Thomas, quand il havrait quelque part, de jour ou de nuit, était de dissimuler sa présence le mieux possible.

Le brave garçon avait une conscience de sensitive et se rendait la justice de comprendre