Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/11

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sous un bon que sous son mauvais côté. Il est optimiste, philanthrope, croit à l’honnêteté et se figure — le naïf jouvenceau — qu’il y a encore, de par le monde, plusieurs hommes sincères et quelques femmes sans coquetterie.

Mais toutes ces idées et ces croyances sont, chez lui, à l’état embryonnaire, et leur linéaments se dessinent à peine, noyés qu’ils sont dans le brouillard ammoniotique où flottent les pensées vaguement arrêtées.

Les qualités de son moral sont paresseuses, et, pour qu’elles sortent de leur torpeur habituelle, il ne leur faut rien moins que l’aiguillon d’une passion quelconque.

Or, au moment où nous vous le présentons, Georges Labrosse, qui vient à peine de débarrasser ses pantalons de la poussière collégiale — n’a aucune pression.

Habitué depuis son enfance à penser par ses maîtres, à juger par ses maîtres, à voir toutes choses par les yeux de ses maîtres, les facultés de son esprit et de son cœur ne se sont pas envolées plus loin ni plus haut que ne le permettait la longueur de la ficelle qui les retenait, laquelle ficelle s’allongeait ou se raccourcissait suivant le bon plaisir des maîtres qui l’avaient en main.

De sorte que Georges ne se connaît pas trop lui-même et ignore à peu près ce que son cœur et son esprit renferment de germes, bon ou mauvais, ni quelle direction le développement de