Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/125

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― Quelle est donc cette si terrible faute ?

― Celle, ô divine princesse, d’avoir osé élever les yeux jusqu’à vous !

— Je n’ai pas à vous pardonner, monsieur, mais à vous remercier.

Georges ploya l’autre genou.

— Ah ! madame, exclama-t-il tendrement, mon cœur ne m’avait pas trompé : vous êtes aussi bonne que belle, aussi magnanime que noble.

— Je ne suis rien de tout cela, répondit la princesse, qui laissa tomber son front dans sa main : je suis malheureuse…

— Malheureuse !… Hélas !… je ne le sais que trop, et les misérables que j’ai vus, sommeillant à votre porte m’ont trop bien révélé toute l’étendue de votre infortune.

— Depuis deux longues années, soupira la belle Grecque, je vis ainsi captive, sans une consolation pour ma pauvre âme affaissée, sans nouvelles de ma patrie — l’île enchantée de Corfou — sans une amie, sans une joie, sans une espérance…

— Pauvre enfant ! murmura Georges, toujours à genoux et recueillant avec extase les paroles lentes et tristes de la jeune fille.

Celle-ci poursuivit, comme se parlant à elle-même :

— De quel droit cet homme sinistre vint-il, une nuit d’orage, m’arracher des bras de mes parents et m’entraîna-t-il, sur la grande mer bleue, loin des rivages aimés de Corfou ?… De quel