Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/126

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droit abreuve-t-il mon existence d’amertume ?… et qu’ai-je fait à Dieu pour qu’un misérable ravisseur puisse impunément venir tous les jours me parler de son odieux amour ?…

La princesse se tut, et quelque chose comme un sanglot souleva sa poitrine.

Cette navrante douleur secoua Labrosse des talons à la nuque. Il se leva, tragique, et, posant une main sur son cœur :

— Ô ma princesse adorée ! dit-il, c’en est trop, et mon âme n’en peut supporter davantage. Depuis un mois que je connais votre poignante histoire et l’affreuse situation qui vous est faite, je souffre toutes les tortures de l’enfer. Mes jours et mes nuits sont des siècles d’une horrible agonie…

J’encourrai peut-être votre courroux ; j’en mourrai assurément… mais je veux vous dire que je vous aime comme les anges du bon Dieu s’aiment, que vous êtes pour moi plus que la vie : vous êtes l’idole aux pieds de laquelle se consume à petit feu mon cœur endolori…

Georges fit ici une pause pleine d’anxiété et fixa sur la jeune femme un regard interrogateur.

Mais celle-ci, la figure cachée dans ses mains, se contenta d’exhaler un profond soupir.

— Oh ! par pitié, ne repoussez pas un malheureux qui est prêt à verser pour vous jusqu’à la dernière goutte de son sang, reprit Georges, en joignant les mains dans une attitude suppliante.

Nouveau soupir de la princesse.