Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/15

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quelle est la journée — tant belle et tant longue que Dieu l’ait faite — qui n’ait un déclin ? Où est le ciel dont l’azur ne soit terni par quelque nuage ?

Georges Labrosse — baigné dans cet atmosphère de tiède volupté dont il s’était entouré — fumait un soir son aromatique Attchibouk, nonchalamment étendu sur son moëlleux divan, lorsqu’il fut interrompu dans la contemplation des petits nuages, aux formes coquettes et bizarres, qu’il laissait échapper de ses lèvres, par trois coups bien discrets, frappés à sa porte.

— Entrez ! répondit-il, en faisant craquer ses articulations dans un immense bâillement.

Une femme d’une cinquantaine d’années, longue sèche, anguleuse, coiffée d’un gigantesque bonnet blanc, et le cou protégé contre les atteintes du regard par un ample fichu jaunâtre, passa d’abord sa tête dans l’entrebâillement de la porte, puis ses épaules, puis le reste de sa maigre personne, et prononça d’une jolie voix de fausset :

— Monsieur Georges, votre oncle vous prie de passer dans son cabinet.

— Dans son cabinet ?… pourquoi dans son cabinet ? est-il malade ?

— Pas plus que d’habitude, Dieu merci.

Alors pourquoi ce mystère, ce cérémonial.

— Dam ! monsieur, je n’en sais rien. Faut-il croire qu’il a quelque chose de particulier à vous dire.