Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/266

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Quand il entra dans le misérable réduit où on les tenait enfermées, Dolly et miss Haredale se retirèrent en silence dans le coin le plus reculé. Mais Mlle Miggs, qui était très prude à l’endroit de sa réputation, tomba aussitôt à genoux et se mit à pousser des cris de mélusine : « Qu’est-ce que je vais devenir ? … où est mon Simmuns ? Ayez pitié, mon bon gentleman, de la faiblesse de mon sexe ; » et d’autres lamentations non moins pathétiques, qu’elle lançait avec une pudeur et un décorum très-propres à lui faire honneur.

« Mademoiselle, mademoiselle, lui insinua Dennis à l’oreille, en lui faisant un signe de son index, venez ici, je ne veux pas vous faire de mal. Venez ici, mon agneau, voulez-vous ? »

En entendant cette tendre épithète, Mlle Miggs, qui avait suspendu ses cris pour mieux l’écouter quand il avait ouvert la bouche, recommença à crier de plus belle : « Oh ! mon agneau ! Il m’appelle son agneau ! Oh ! faut-il que je sois malheureuse de n’être pas venue au monde vieille et laide ! Pourquoi le ciel a-t-il fait de moi la plus jeune de six enfants, tous défunts et maintenant dans leurs tombes bénies, excepté ma sœur mariée, qui est établie dans la Cour du Lion d’or, numéro vingt-six, le second cordon de sonnette à….

— Ne vous ai-je pas dit que je ne veux pas vous faire de mal ? dit Dennis en lui montrant une chaise pour la faire asseoir. Alors, mademoiselle, qu’est-ce qu’il y a ?

— Demandez-moi plutôt ce qu’il n’y a pas, cria Miggs en se serrant les mains dans l’agonie de la douleur. Il y a tout, quoi.

— Mais quand je vous dis au contraire qu’il n’y a rien, reprit le bourreau. Voyons ! commencez par ne plus faire tout ce tapage et par venir vous asseoir ici. Voulez-vous, mon petit poulet ? »

Le ton caressant dont il disait ces dernières paroles aurait peut-être manqué son but, s’il ne l’avait pas accompagné de plusieurs mouvements saccadés de son pouce par-dessus son épaule, et de divers autres signes d’intelligence, comme de cligner l’œil et de soulever sa joue avec sa langue, pour faire comprendre à la demoiselle, comme elle n’y manqua pas, qu’il désirait l’entretenir à part au sujet de miss Hare-