Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/119

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qui causent ensemble, le dos appuyé contre le parapet. Il a passé près d’eux sans les voir, car il a toujours la tête baissée et ne regarde que la terre.

« William, dit M. Weevle en désignant Richard, voici un commencement non pas de combustion spontanée, mais de combustion lente.

— Il s’est jeté à corps perdu dans son procès, répond M. Guppy, et je suppose qu’il a des dettes par-dessus les oreilles. Je ne suis pas très au courant de ses affaires ; il était d’une hauteur inabordable quand il venait à l’étude ; et ç’a été pour nous un fameux débarras lorsqu’il en est parti. Je vous disais donc, poursuit William en reprenant une conversation intéressante, je vous disais qu’ils y passent toutes leurs journées, examinant chaque papier, retournant toutes les guenilles, tous les tessons, et fouillant tous les meubles. À ce train-là, ils en ont au moins pour sept ans.

— Et Small est avec eux ?

— Il nous a quittés en disant à Kenge que les affaires de son grand-père étaient trop fatigantes pour un vieillard et nécessitaient son concours. Il y a eu un peu de froideur entre nous, à cause de la réserve que je lui reprochais relativement à son oncle ; mais il soutenait que c’était vous et moi qui avions commencé ; et comme c’était un peu vrai, j’ai rétabli nos relations sur le même pied qu’autrefois : c’est par lui que j’ai su comment ils passent leur temps.

— Vous n’avez pas été les voir ?

— À vous parler franchement, Tony, je ne me sens pas très-disposé à rentrer dans cette maison, et je n’y suis pas retourné ; mais avec vous c’est différent, et voilà pourquoi je vous ai offert de vous aider à transporter vos effets ; je crois que voilà l’heure. Il est nécessaire, continue William, qui devient d’une éloquence à la fois mystérieuse et tendre, que je vous dise une fois de plus, Tony, combien des circonstances imprévues ont altéré cette image qui était gravée dans mon cœur, et modifié mes projets les plus chers. Cette image est déchirée, Tony ! et l’idole est renversée ; je n’ai plus d’autre désir aujourd’hui, relativement aux papiers qui s’y rattachent, que de les anéantir si je les trouve, et d’en ensevelir la mémoire dans un profond oubli. Pensez-vous, Tony, avec la connaissance que vous aviez du caractère bizarre de celui qui fut la proie de l’élément igné, pensez-vous qu’il ait pu mettre ces papiers de côté, après vous les avoir montrés sur lui, et que ces papiers aient ainsi échappé à la flamme ?  »