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— En attendant, il va plus mal, fis-je observer à mon tour.

— C’est pourquoi, répondit gaiement M. Skimpole, j’insiste pour qu’on se hâte de le renvoyer d’ici, avant qu’il soit plus mal encore. »

Je n’oublierai jamais de quel air aimable il proféra ces paroles.

«  Je pourrais bien, petite femme, dit mon tuteur en se tournant de mon côté, obtenir son admission à l’hôpital en y allant moi-même ; c’est un triste état de choses que celui où, dans sa position, cette démarche est nécessaire. Mais il est tard, la nuit est mauvaise, le pauvre garçon est exténué ; la petite chambre qui est au-dessus de l’écurie est très-saine, il s’y trouve un lit ; mieux vaut l’y faire coucher, et demain matin on le conduira, bien enveloppé, à Saint-Alban.

— Est-ce que vous retournez auprès de lui ? demanda M. Skimpole en faisant errer ses doigts sur les touches du piano.

— Oui, répondit mon tuteur.

— Combien j’envie votre organisation, Jarndyce ! Vous ne craignez rien ; vous êtes toujours disposé à tout faire ; prêt à aller n’importe où. Vous avez de la volonté ; moi, je ne sais pas vouloir ; je ne demanderais pas mieux, mais je ne peux vraiment pas.

— Vous ne pouvez pas non plus, à ce que j’imagine, ordonner quelque chose à notre pauvre malade, dit mon tuteur en le regardant par-dessus l’épaule d’un air à demi fâché.

— J’ai remarqué dans sa poche une potion calmante, répondit le vieil enfant, et c’est bien ce qu’il peut prendre de meilleur ; vous pouvez faire jeter du vinaigre dans l’endroit où vous allez le coucher ; recommandez, si vous voulez, qu’on le tienne chaudement et qu’il ait de l’air dans sa chambre. Mais c’est une impertinence de ma part que de vous donner des conseils ; miss Summerson a une telle connaissance de toutes choses, qu’elle n’ignore pas ce qu’il faut faire. »

Nous retournâmes dans l’antichambre pour dire à Jo ce que nous avions décidé à son égard ; Charley le lui expliqua de nouveau lorsque nous eûmes fini, et il reçut cette communication avec la suprême indifférence que j’avais déjà remarquée chez lui, regardant tous les préparatifs dont il était l’objet comme si tout cela eût été pour un autre. Les domestiques, prenant pitié de son misérable état, s’empressèrent de nous aider ; la petite chambre ne tarda pas à être prête, et deux hommes le portèrent, bien enveloppé, de l’autre côté de la cour, y mettant une douceur et