Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/261

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— C’est que nous voulions entrer, dit M. Smallweed en s’excusant.

— J’en conviens ; mais n’est-il pas bizarre qu’à votre âge, vous dont l’esprit a dû gagner en finesse toute la vigueur que vos jambes ont perdue, vous n’ayez pas compris qu’il fallait garder le secret sur cette affaire ? Vous vous êtes emporté en dépit de toute raison, ce n’était pas le moyen d’avancer vos affaires.

— Je disais seulement que je ne voulais pas monter sans qu’un domestique eût prévenu le baronnet.

— Vraiment ? dites plutôt que vous vous êtes laissé emporter ; mais une autre fois vous vous posséderez mieux et vous aurez votre argent.

— Quand est-ce qu’on nous en reparlera ? demande mistress Chadband d’un air assez maussade.

— Une vraie femme ! sur ma parole ! curieuse comme l’est toujours son adorable sexe, répond galamment M. Bucket. J’aurai le plaisir de vous voir demain ou après-demain matin, sans oublier M. Smallweed et sa demande de deux cent cinquante livres.

— Cinq cents, reprend l’avare.

— Cinq cents livres si vous voulez, mais seulement en paroles ; dois-je vous souhaiter le bonjour de ma part et de celle du propriétaire de cette maison ? » demande M. Bucket d’un air doux et insinuant.

Personne n’osant dire le contraire, il tire le cordon de la sonnette et chacun descend comme il était monté.

« Sir Leicester Dedlock, baronnet, dit l’officier de police d’un ton grave, c’est à vous de savoir si vous voulez acheter leur silence ; je serais pour moi de cet avis, et je suppose que vous pourrez vous en tirer à bon marché. Avez-vous vu comme cette cornichonne de mistress Snagsby a été exploitée de toutes les manières par ces gens-là ? M. Tulkinghorn, le défunt, savait bien les tenir tous en bride, et il vous les aurait joliment fait marcher. Maintenant qu’il est parti les pieds devant, les voilà tous, de droite et de gauche, qui tirent chacun de leur côté. C’est la vie : « Lorsque le chat n’y est plus, les souris dansent sur la table. » Mais occupons-nous maintenant de la personne qui doit être arrêtée. »

Sir Leicester, qui pendant tout ce temps-là est resté complétement immobile, semble sortir d’un rêve, et regarde attentivement l’inspecteur, qui consulte sa montre.

« Elle doit être à l’hôtel, et je vais l’arrêter en votre présence, sir Leicester. Je vous prierai de ne rien dire, de ne pas même