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faire un geste ; tout cela se passera sans bruit et ne causera pas le moindre trouble ; je reviendrai ce soir, si cela vous est agréable, pour m’entendre avec vous sur cette affaire et sur le meilleur moyen à prendre pour l’étouffer complétement. Quant à l’arrestation dont vous allez être témoin, n’ayez nulle inquiétude. »

M. Bucket sonne Mercure, lui dit un mot à l’oreille, et se place derrière la porte, où il se tient les bras croisés. Une ou deux minutes après, Mlle Hortense arrive ; elle aperçoit le baronnet, et s’excuse en disant qu’on lui avait assuré qu’il n’y avait personne dans la bibliothèque. Au moment où elle se retourne pour sortir, la porte se ferme vivement, et Mlle Hortense, dont les traits sont agités d’un mouvement convulsif, devient d’une pâleur mortelle en se trouvant face à face avec M. Bucket.

« Cette jeune femme, sir Leicester Dedlock, est chez moi depuis quelque temps en qualité de pensionnaire.

— Et de quel intérêt ça peut-il être pour sir Leicester ? Me le direz-vous, mon ange ? demande la jeune femme d’un air railleur.

— C’est ce que vous allez voir.

— Ah ! vous êtes mystérieux. Êtes-vous ivre, mon bon ?

— Toujours sobre, mon ange.

— Alors expliquez-moi cette mystification ? Votre femme m’amène dans cette maison ; elle me quitte il n’y a pas cinq minutes ; on me dit en bas qu’elle est ici ; je monte pour la rejoindre, et c’est vous que je trouve à sa place ! »

Mlle Hortense se croise les bras avec calme en faisant cette question ; mais sa joue brune a des battements réguliers comme une horloge. M. Bucket se contente d’agiter son index.

« Vous êtes fou, s’écrie-t-elle en secouant la tête et en éclatant de rire ; laissez-moi passer que je m’en aille, gros cochon. En même temps elle frappe du pied et prend un air menaçant.

— Mademoiselle, répond M. Bucket d’un ton froid et décidé, veuillez vous asseoir sur ce divan.

— Je ne veux pas du tout m’asseoir, réplique Mlle Hortense en multipliant les signes négatifs.

— Asseyez-vous, mademoiselle.

— Et pourquoi ça, je vous prie ?

— Parce que je vous arrête sous prévention de meurtre ; il n’est pas nécessaire de vous en dire davantage. Je désire avoir pour vous tous les égards possible, en votre double qualité de femme et d’étrangère ; mais, si vous résistez, je me verrai forcé d’employer la violence. Je vous conseille donc en ami de ne pas