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M. Grubble, en manches de chemise, m’attendait sur sa porte ; il souleva son chapeau à deux mains et me conduisit, par un corridor sablé, dans le plus élégant de ses deux salons : une chambre proprette avec un tapis, ornée de plantes diverses, d’une gravure coloriée représentant la reine Caroline, de plusieurs coquillages, de plateaux sans nombre, de poissons empaillés mis sous verre, et d’un œuf ou d’une courge quelconque (je ne sais pas lequel des deux) suspendue au plafond. Je connaissais beaucoup M. Grubble de vue : un homme entre deux âges, robuste et de bonne mine, qui ne se serait pas trouvé commodément vêtu au coin de son feu sans son chapeau et ses bottes à revers ; mais qui n’avait jamais rien sur le dos et ne mettait de veste ou d’habit que pour aller à l’église.

Il moucha la chandelle, fit un pas en arrière pour juger de l’opération, et sortit de la chambre au moment où j’allais lui demander quelle était la personne qui désirait me parler. Un instant après, j’entendis plusieurs voix qui m’étaient familières, la porte se rouvrit et Richard se précipita dans la pièce.

« Chère Esther, me dit-il, ma meilleure amie ! que je suis heureux de vous voir ! Toujours la même ! » ajouta-t-il en répondant à ma pensée.

J’écartai un peu mon voile.

« Toujours la même, » reprit-il en me faisant asseoir et en s’asseyant auprès de moi.

Je lui dis alors combien j’étais contente de nous retrouver ensemble, d’autant plus que j’avais à l’entretenir de choses assez sérieuses.

« À merveille, répondit-il ; j’ai, de mon côté, beaucoup de choses à vous dire, et que j’ai besoin de vous expliquer pour être bien compris.

— Et c’est précisément, lui dis-je, pour vous parler de quelqu’un que vous ne semblez pas comprendre que je désirais vous voir.

— Probablement de M. Jarndyce ?

— Mon Dieu, oui.

— Tant mieux, car c’est à propos de lui que je voulais m’expliquer ; mais seulement auprès de vous, chère amie, de vous seule, entendez bien, car je n’ai de compte à rendre à personne, pas plus au sieur Jarndyce qu’à M. tel ou tel. »

Je fus peinée de la manière dont il parlait de mon tuteur, et je lui en fis l’observation.

« Très-bien, me dit-il ; remettons la chose à demain. Quant à ce soir, donnez-moi votre bras, chère Esther, et allons faire