Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/90

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une surprise à ma charmante cousine, du moins si votre fidélité aux ordres de M. Jarndyce vous permet de m’introduire dans la maison que vous habitez.

— Vous savez bien, Richard, que vous seriez parfaitement accueilli dans la sienne, qui redeviendrait la vôtre si vous le vouliez encore ; nous vous recevrons partout avec le même plaisir.

— Voilà qui est parler comme la meilleure des femmes, s’écria gaiement Richard.

— Et l’état militaire, en êtes-vous satisfait ? lui demandai-je quelques instants après.

— Oui, assez, répondit-il ; autant faire ça qu’autre chose, surtout en attendant. Je ne dis pas que j’y resterai quand mes affaires seront réglées ; je vendrai alors mon brevet… Mais ne parlons pas de cela aujourd’hui. »

Si jeune et si beau ! en toute chose l’opposé de miss Flite ; et pourtant je retrouvais dans ses yeux le regard inquiet et sombre qu’avait la pauvre folle en parlant de son procès.

— Je suis à Londres en congé, reprit Richard.

— Vraiment ?

— Il fallait bien voir un peu où en sont mes affaires ; les vacances vont s’ouvrir, et tout cela va si lentement. »

Je secouai la tête d’un air triste.

« Vous avez raison, dit Richard ; c’est un sujet de conversation peu amusant. Au diable pour ce soir les procès et les juges, et parlons d’autre chose. Devinez la personne qui est ici avec moi.

— Je crois avoir entendu la voix de M. Skimpole.

— Justement. De tous les hommes que je connais, c’est lui qui me fait le plus de bien. Quel adorable enfant ! »

Je lui demandai si quelqu’un avait connaissance de leur voyage. Il me répondit que non ; qu’il avait appris, par M. Skimpole, l’endroit où nous étions ; que, sur le désir qu’il avait exprimé de venir nous voir, le vieil enfant avait manifesté l’intention de l’accompagner, ce qui avait eu lieu immédiatement.

«  Il vaut cent fois son pesant d’or, me dit Richard, et ses menues dépenses à payer ne sont pas chères en comparaison du plaisir qu’il vous donne à l’avoir avec soi. Tant de verve et d’entrain, tant de jeunesse et de fraîcheur dans l’âme ! et d’une nature si désintéressée ! »

Je ne voyais pas trop la preuve du désintéressement de M. Skimpole dans l’habitude qu’il avait de faire payer ses dépenses par les autres ; mais au moment où j’allais en faire la remarque, il entra dans la chambre, et la conversation changea