Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/236

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Miss Betsy le remercia, et nous entrâmes dans son cabinet qui était meublé comme celui d’un homme d’affaires, de papiers, de livres, de boîtes d’étain, etc. Il donnait sur le jardin, et il était pourvu d’un coffre-fort en fer, fixé dans la muraille, juste au-dessus du manteau de la cheminée ; car je me demandais comment les ramoneurs pouvaient faire pour passer derrière, quand ils avaient besoin de nettoyer la cheminée.

« Eh bien ! miss Trotwood, dit M. Wickfleld ; car je découvris bientôt que c’était le maître de la maison, qu’il était avoué et qu’il régissait les terres d’un riche propriétaire des environs, quel vent vous amène ici ? C’est un bon vent, dans tous les cas, j’espère ?

— Mais oui, répliqua ma tante, je ne suis pas venue pour des affaires de justice.

— Vous avez raison, mademoiselle, dit M. Wickfield ; mieux vaut venir pour autre chose. »

Ses cheveux étaient tout à fait blancs alors, quoiqu’il eût encore les sourcils noirs. Son visage était très-agréable, il avait même dû être beau. Son teint était coloré d’une certaine façon dont j’avais appris, grâce à Peggotty, à faire honneur à l’usage du vin de Porto, et j’attribuais à la même origine l’intonation de sa voix et son embonpoint marqué. Il avait une mise très-convenable, un habit bleu, un gilet à raies, un pantalon de nankin ; sa chemise à jabot et sa cravate de batiste semblaient si blanches et si fines qu’elles rappelaient à mon imagination vagabonde le cou d’un cygne.

« C’est mon neveu, dit ma tante.

— Je ne savais pas que vous en eussiez un, miss Trotwood, dit M. Wickfield.

— Mon petit neveu, c’est-à-dire, » remarqua ma tante.

— Je ne savais pas que vous eussiez un petit-neveu, je vous assure, dit M. Wickfield.

— Je l’ai adopté, dit ma tante avec un geste qui indiquait qu’elle s’inquiétait fort peu de ce qu’il savait ou de ce qu’il ne savait pas, et je l’ai amené ici pour le mettre dans une pension où il soit bien enseigné et bien traité. Dites-moi où je trouverai cette pension, et donnez-moi enfin tous les renseignements nécessaires.

— Avant de hasarder un conseil, dit M. Wickfield, permettez ; vous savez, ma vieille question en toutes choses, quel est votre but réel ?

— Le diable vous emporte ! s’écria ma tante. Quel besoin