Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/237

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d’aller toujours chercher midi à quatorze heures ? Mon but est bien clair et bien simple, c’est de rendre cet enfant heureux et utile.

— Il doit y avoir encore quelque autre chose là-dessous, dit M. Wickfleld, en branlant la tête et en souriant d’un air d’incrédulité.

— Quelles balivernes ! repartit ma tante. Vous avez la prétention d’agir rondement dans ce que vous faites ; vous ne supposez pas, j’espère, que vous soyez la seule personne qui aille tout droit son chemin dans ce monde ?

— Je n’ai qu’un seul but dans la vie, miss Trotwood, beaucoup de gens en ont des douzaines, des vingtaines, des centaines : je n’ai qu’un but, voilà la différence ; mais nous ne sommes plus dans la question. Vous demandez la meilleure pension ? Quel que soit votre motif, vous voulez la meilleure. »

Ma tante fit un signe d’assentiment.

« J’en connais bien une qui vaut mieux que toutes les autres, dit M. Wickfield en réfléchissant, mais votre neveu ne pourrait y être admis pour le moment qu’en qualité d’externe.

« Mais en attendant, il pourrait demeurer quelque autre part, je suppose ? dit ma tante. »

M. Wickfield reconnut que c’était possible. Après un moment de discussion, il proposa de mener ma tante voir la pension, afin qu’elle pût en juger par elle-même ; en revenant on visiterait les maisons où il pensait qu’on pourrait trouver pour moi le vivre et le couvert. Ma tante accepta la proposition, et nous allions sortir tous trois quand il s’arrêta pour me dire :

« Mais notre petit ami que voici pourrait avoir quelques motifs de ne pas vouloir nous accompagner. Je crois que nous ferions mieux de le laisser ici. »

Ma tante semblait disposée à contester la proposition mais, pour faciliter les choses, je dis que j’étais tout prêt à les attendre chez M. Wickfield, si cela leur convenait, et je rentrai dans le cabinet, où je pris, en les attendant, possession de la chaise que j’avais occupée déjà en arrivant.

Cette chaise se trouvait placée en face d’un corridor étroit qui donnait dans la petite chambre ronde à la fenêtre de laquelle j’avais aperçu le pâle visage d’Uriah Heep. Après avoir mené le cheval dans une écurie des environs, il s’était remis à écrire sur un pupitre et copiait un papier fixé dans un cadre de fer suspendu sur le bureau. Quoiqu’il fût tourné de mon côté, je cru d’abord que le papier qu’il transcrivait et qui se