Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/93

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— Rien encore, répartit l’homme à la jambe de bols. Il n’y a pas en d’occasion. »

Il me sembla que M. Creakle était désappointé, Il me sembla que mistress Creakle et sa fille (que je venais da regarder pour la première fois, et qui étaient maigres et silencieuses à l’envi l’une de l’autre), n’étaient pas désappointées.

« Venez ici, monsieur ! dit M. Groaklo an me faisant signe de la main.

— Venez ici ! dit l’homme à la jambe da bois en répétant le geste de M. Creakle.

— J’ai l’honneur de connaître votre beau-père, murmura M. Creakle en m’empoignant par l’oreille. C’est un digne homme, un homme énergique. Il me connaît, et moi je le connais. Me connaissez-vous, vous, vous ? hein ! dit M. Croatie en me pinçant l’oreille avec un enjouement féroce.

— Pas encore, monsieur dis-je tout en gémissant. Pas encore ? hein ? répéta M. Creakle. Cela viendra, hein ?

— Cela viendra ! hein ? » répéta l’homme à la jambe de bois.

Je découvris plus tard que son timbre retentissant lui procurait l’honneur de servir d’interprète à M. Creakle auprès de ses élèves.

J’étais horriblement effrayé et je me contentai de dire que je l’espérais bien. Mais tout en parlant, je me sentais l’oreille tout en feu, il la pinçait si fort !

« Je vais vous dire ce que je suis, murmura M. Creakle en lâchant enfin mon oreille, mais après l’avoir tordue de façon à me faire venir les larmes aux yeux. Je suis un Tartare.

— Un Tartare, dit l’homme à la jambe de bois.

— Quand je dis que je ferai une chose, je la fais, dit M. Creakle, et quand je dis qu’il faut faire une chose, je veux qu’on la fasse.

— Qu’il faut faire une chose, je veux qu’on la fasse, répéta l’homme à la jambe de bois.

— Je suis un caractère décidé, dit M. Creakle. Voilà ce que je suis. Je fais mon devoir, voilà ce que je fais. Quand ma chair et mon sang (il se tourna vers mistress Creakle), quand ma chair et mon sang se révoltent contre moi, ce n’est plus ma chair et mon sang ; je les renie. Cet individu a-t-il reparu ? demanda-t-il à l’homme à la jambe de bois.

— Non, répondit-il.

— Non ? dit M. Creakle. Il a bien fait. Il me connaît, qu’il