Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/104

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sur la sombre niche où elle me confinait ; le garçon, se rendant tout d’abord familier, offrant ses conseils à mon inexpérience, dictant lui-même le menu de mon dîner, et me composant mon flacon de vin de Xérès avec ce que les autres voyageurs avaient laissé au fond des leurs.

Je le vis faire cette composition chimique, en véritable apothicaire, derrière la cloison d’un des compartiments du coffee-room, et si j’avais osé, je n’aurais pas avalé cette drogue qui, tout insipide qu’elle me parût, me mit en goût d’aller assister aux empoisonnements moins dangereux de la scène tragique. Je choisis le théâtre de Covent-Garden, où l’on représentait Jules César, suivi de la pantomime de la saison. Ce fut pour moi un délicieux spectacle de voir, vivants, devant moi, allant et venant pour mon plaisir, ces nobles Romains que je ne connaissais que par les thèmes et les versions du pensionnat. La pantomime acheva de m’éblouir par des décorations féeriques, par la musique et la danse, mélange curieux de poésie et de réalité. Je sortis tout enchanté du spectacle. Il était minuit, il pleuvait ; en trouvant la rue prosaïquement bruyante et boueuse, il me sembla