Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/115

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petite de taille, très brune et d’une physionomie qui, sans être agréable, attira cependant mon attention par une expression de bienveillance : je ne pouvais m’empêcher de la regarder ; était-ce parce que je dînais assis en face d’elle ? Steerforth ne m’en ayant pas parlé, je me demandais qui ce pouvait être ; peut-être y avait-il en elle réellement quelque chose de remarquable : ses cheveux noirs, ses yeux vifs et ardents, sa taille exiguë et mince, mais surtout une cicatrice aux lèvres… C’était une ancienne cicatrice, où le sang circulait de nouveau, mais qui avait dû être assez profonde, à partir de la lèvre supérieure, dont elle avait altéré la forme, jusqu’à la saillie du menton. Tout en cherchant à deviner qui était cette jeune personne, je lui attribuais une trentaine d’années ; je ne crus pas lui faire tort non plus en lui supposant l’envie de se marier, envie naturelle à une fille mûre ; je me permis enfin de la comparer, en moi-même, à une maison à louer depuis long-temps et qui a besoin de quelques réparations ; je répète cependant que son regard était bienveillant ; mais son peu d’embonpoint semblait l’effet d’une flamme intérieure qui la consumait peu à peu et s’échappait par ses yeux.