Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/165

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moire comme des réalités. Je crois, en vérité, que je me suis identifié avec ce petit vaurien qui fut puni de sa méchanceté en étant dévoré par les lions. Ce que les bonnes femmes appellent des horreurs, m’avait enveloppé de la tête aux pieds. J’ai eu peur de James Steerforth.

» — C’est le seul homme, » lui dis-je, « qui puisse vous faire peur.

» — Peut-être, » me répondit-il, « et cependant… Tenez, David, mon cher ami, je vous le répète encore : il eût été bien pour moi (et pour d’autres que moi) qu’un père sage et ferme eût dirigé ma jeunesse. »

La physionomie de Steerforth était toujours pleine d’expression ; mais je ne l’ai jamais, vue si sérieusement expressive que lorsque je lui entendis prononcer ces paroles l’œil fixé sur le feu.

« — Allons, » dit-il avec un geste d’impatience, « assez pour aujourd’hui. Je redeviens un homme :

« I am a man again, »


comme dit Macbeth. Allons souper… si toutefois, ma chère Pâquerette, je n’ai pas perdu l’appétit dans mes visions.