Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/168

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chérie, c’est de votre fraîcheur printanière. Quant à ma capacité, quant à un sage emploi de mes talents, je n’ai jamais appris l’art de m’attacher à l’une de ces roues que font tourner sans relâche les Ixions de notre époque. J’ai fait, du moins, un mauvais apprentissage de ce métier, et je n’en veux plus… À propos, vous savez que j’ai acheté ici un bateau ?

» — Quel extraordinaire garçon vous faites, Steerforth ! » m’écriai-je entendant parler pour la première fois de cette acquisition. « Vous achetez un bateau au moment où vous partez et peut-être pour ne plus revenir !

» — Pourquoi ne reviendrais-je plus ? j’ai pris goût à ce pays. À tout événement, j’ai acheté un bateau qui était à vendre ; un clipper, comme l’appelle M. Peggoty qui, en mon absence, s’en servira.

» — Oh ! je vous comprends à présent ! » m’écriai-je ravi de mon ami ; « vous avez trouvé un ingénieux détour pour faire un présent. Et moi qui ne vous ai pas deviné tout d’abord ! Je ne sais comment vous exprimer ce que je pense de votre générosité.

» — Bah ! le moins vous en parlerez, mieux cela vaudra, » dit-il en rougissant.

« — Je le savais bien, » poursuivis-je, « que