Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» — Et lequel ?

» — La Petite Émilie. »

J’aurais encore, je crois, saisi l’occasion de répéter mes éloges de sa libéralité, si l’expression de son regard ne m’avait rappelé qu’il ne les recevrait pas avec plaisir, et il approuva mon silence par son sourire… « Mais, » ajouta-t-il, « voici la véritable petite Émilie qui vient, et cet heureux drôle avec elle ! Sur mon âme ! c’est un chevalier qui ne perd pas sa dame de vue. »

Cham travaillait depuis quelque temps dans un chantier de constructeur de navires. Ayant des dispositions naturelles pour cet état, il les avait cultivées et il devenait un excellent ouvrier. Avec son costume de travail, il n’avait rien de chevaleresque, sans doute ; mais sa tournure mâle en faisait le protecteur respectable de la charmante petite fée qui marchait sous sa garde. Son air de franchise et d’honnêteté, de dévouement et de fière tendresse ne prêtait nullement à l’ironie, et le fiancé me paraissait certainement digne de la jeune fille.

Émilie détacha sa main du bras de Cham lorsque nous nous arrêtâmes pour lui souhaiter le bonsoir, et quand nous eûmes échangé