Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/231

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Mrs Crupp et d’emmener avec lui la jeune fille.

Hélas ! mes trois convives et moi nous ne sûmes que trop nous passer d’échanson ! Je me sentis bientôt singulièrement gai et le cœur libre. Ma langue se délia et acquit une volubilité miraculeuse pour exprimer je ne sais combien de réminiscences qui fondaient en masse sur mon cerveau. Je riais à gorge déployée de mes propres saillies et de celles des autres. Steerforth ne passait pas la bouteille assez vite à mon gré, je le rappelai à l’ordre. Je promis solennellement d’aller voir mes convives à Oxford. J’annonçai que je donnerais à dîner une fois la semaine dans mon ménage de garçon. Grainger, qui prenait du tabac, m’ayant ouvert sa tabatière, j’y puisai une telle prise, que je fus forcé de quitter la table et d’aller éternuer tout seul dans l’office pendant dix minutes.

Avant de reprendre ma place, je m’armai du tire-bouchon et débouchai quatre bouteilles à la fois : « À la santé de Steerforth ! » m’écriai-je ; « à mon meilleur ami ! au protecteur de mon enfance ! au compagnon inséparable de ma jeunesse ! Je suis ravi de vous proposer ce toast, Messieurs, c’est une dette de cœur que je paie ; mais comment m’acquitter de toutes