Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/275

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vantait, je fus jaloux du vieux Monsieur.

J’étais jaloux de tout le monde. Je ne pouvais supporter l’idée que quelqu’un connût M. Spenlow plus intimement que moi. Ce m’était un supplice d’entendre quelqu’un parler d’événements auxquels j’étais étranger. Lorsqu’un aimable convive, chauve, assis en face de moi à table, me demanda si c’était ma première visite à Norwood, je crois que je l’aurais maltraité de bon cœur.

Au reste, je ne me souviens de personne excepté de Dora. Je ne sais ce qu’il y avait pour dîner ; il me semble que je ne dînai que de l’idée de dîner avec Dora et de dîner à côté d’elle ; je lui parlais ; elle avait la plus délicieuse petite voix, le plus mélodieux petit rire, les plus séduisantes petites manières qui aient jamais privé un pauvre jeune homme de sa liberté ; elle n’était pas grande, au contraire ; mais une perle, un diamant, tout ce qu’il y a de plus précieux au monde est petit, me disais-je.

Lorsqu’elle quitta la salle à manger avec Miss Murdstone (elles étaient les seules femmes à table), je tombai dans une profonde rêverie qui ne fut troublée que par la cruelle peur d’être desservi auprès d’elle par Miss Murds-