Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/330

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bles, ni des couleurs qui le seraient moins ; vous êtes toujours le même dans mon cœur. »

Tout en parlant ainsi, j’éprouvai un tel remords de lui avoir fait injure, même par une vague pensée, que l’aveu de cette pensée allait m’échapper, mais il m’en coûtait de trahir la confiance d’Agnès et je ne savais comment me justifier sans l’accuser : « Adieu, Pâquerette, » répéta Steerforth ; nous nous quittâmes en nous serrant affectueusement la main, et l’aveu expira sur mes lèvres.

Le lendemain matin je me réveillai au point du jour, et, m’étant habillé sans bruit, je me glissai dans la chambre de Steerforth ; il était profondément endormi : la tête inclinée sur son bras droit, endormi de son sommeil d’écolier.

Le moment approchait où je devais m’étonner de ce sommeil si paisible !

Je ne le réveillai pas, et je le quittai en silence.

Je vous quittai, Steerforth… ah ! Dieu vous pardonne ! pour ne plus serrer votre main dans ma main d’ami… non, jamais, jamais !

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