Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/366

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terai le seuil de la porte comme de coutume. Si quelqu’un s’en approchait, ce quelqu’un verrait que la pauvre veuve lui est restée fidèle… de loin comme de près. »

Quel changement rapide chez Mrs Gummidge ! C’était une autre femme ! si dévouée ! comprenant si bien ce qu’il fallait dire et ce qu’il fallait taire, si oublieuse d’elle-même, si attentive au chagrin des autres… Je la regardais avec une sorte de vénération. Quel travail elle fit ce jour-là ! Il y avait plusieurs objets à aller chercher sur la plage pour les emmagasiner sous le petit hangar, tels que rames, filets, voiles, cordages, espars, pots à homards, sacs de lest, etc., etc. Quoique les aides n’eussent pas manqué et qu’il n’y eût pas un voisin qui ne se fût bien volontiers prêté à diminuer sa peine pour le plaisir de recevoir un merci, Mrs Gummidge préféra aller et venir de la mer à la maison, suffisant à tout, sans s’apercevoir qu’elle ployait sous des fardeaux trop lourds pour ses épaules. Quant à déplorer ses malheurs passés, elle semblait en avoir perdu entièrement la mémoire. L’égalité de son humeur et l’espèce de gaieté qu’elle affectait en exprimant sa sympathie pour la douleur de M. Daniel et de Cham, n’étaient pas les traits