Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les moins étonnants de sa soudaine transformation. De toute la journée, je n’avais observé ni la moindre émotion dans sa voix, ni une larme à sa paupière, lorsque, au retour du crépuscule, M. Peggoty, épuisé, s’étant endormi, elle laissa échapper enfin un sanglot, et, m’entraînant vers la porte, me dit :

« — Dieu vous bénisse, Monsieur ; soyez un ami pour le pauvre cher homme. »

Puis, courant hors de la maison, elle alla se laver le visage et revint s’asseoir paisiblement à côté de M. Daniel, afin qu’en se réveillant celui-ci la trouvât occupée tranquillement à coudre. Bref, en me retirant, je ne pouvais assez admirer l’exemple que me donnait Mrs Gummidge.

Ce pouvait être entre neuf et dix heures, lorsqu’errant mélancoliquement par la ville, je m’arrêtai à la porte de M. Omer. Sa fille me dit que le malheur d’Émilie l’avait tellement affecté, qu’il avait souffert toute la journée et était allé se coucher sans sa pipe. Mrs Joram crut d’abord qu’elle devait à sa vertu de femme et de mère de prononcer quelques paroles sévères sur l’infortunée ; mais de meilleurs sentiments l’emportèrent, et elle pleura en ajoutant :